Goma; comment les comités d’eau sauvent
‘L’Eau c’est la vie’, c’est avec ce slogan que les comités d’eau revendiquent un meilleur accès à l’eau dans les quartiers populaires de Goma. Installer des réservoirs à eau n’est pas un but en soi pour M3M, c’est plutôt une étape dans le renforcement de la communauté. Avec nos partenaires locaux, nous organisons la population afin qu’elle prenne elle-même les choses en main.
Des étapes en direction du droit à de l’eau potable
L’organisation d’un quartier commence en associant des leaders, des intellectuels et des anciens. Ensemble, ils identifient les problèmes de leur quartier. Une fois les priorités bien claires, ce groupe de base s’élargit jusqu’à former un comité populaire pour la santé, avec des jeunes et des femmes engagés issus du quartier. Une enquête à grande échelle est ensuite menée au sein de la population. De cette façon, nous pouvons impliquer un maximum de personnes dans le projet.
En 2017, le comité populaire du Lac Vert a décidé de mettre en premier point de l’ordre du jour un meilleur accès à l’eau. Le quartier peinait à avoir accès à l’eau parce que la Regideso, la société nationale de distribution d’eau, l’avait négligé. Depuis 2010, Regideso était censée installer des conduites d’eau, mais sept ans plus tard, rien n’avait encore été fait.
Mercycorps, une ONG américaine, voyant ce besoin en eau potable, avait installé en 2014 quelques réservoirs au Lac Vert et le quartier tout proche de Mugunga. Mais le suivi et l’entretien se sont avérés une tâche trop difficile pour les autorités provinciales du Nord-Kivu.
La manifestation des « Bidons jaunes » met sous pression la législation nationale relative à l’eau
Rapidement, les habitants du quartier ont voulu s’impliquer dans la gestion et se sont organisés en comités de santé locaux, grâce au soutien de notre partenaire local Etoile du Sud (EDS). Ils sont descendus dans la rue pour revendiquer leur droit à l’eau, au cours d’une marche avec des bidons jaunes que nous avons filmée dans ce documentaire.
Les autorités locales se sont senties soutenues par la marche des “bidons jaunes” et ont fait pression sur les autorités nationales pour une adaptation de la loi congolaise sur l’eau. Cette loi rendait la société nationale de distribution de l’eau responsable de l’approvisionnement en eau sur tout le territoire de la République Démocratique du Congo. Une tâche quasi impossible, sachant que le Congo est près de 77 fois plus étendu que la Belgique et que certaines régions sont très difficiles d’accès.
La nouvelle loi, approuvée fin 2017, permet néanmoins une collaboration avec des tiers. Cela donne une chance supplémentaire aux comités de santé et de l’eau locaux, qui peuvent ainsi obtenir un financement de leurs projets par la province du Nord-Kivu.
Fin 2017, un comité d’eau durable a installé un nouveau réservoir dans le quartier du Lac Vert. Le réservoir a une capacité suffisante pour approvisionner une centaine de familles. Le comité populaire en assure lui-même la gestion et l’entretien. De l’eau est pompée dans le lac Kivu, transportée jusqu’à une station d’épuration locale et ensuite au réservoir du Lac Vert.
Le comité populaire inspire les autorités provinciales
Voyant que ces comités d’eau locaux garantissent une gestion autonome, les autorités provinciales se sont montrées intéressées dans une collaboration élargie. Début 2018, cette collaboration a été concrétisée à la suite d’une rencontre avec le Ministre provincial de la Santé du Nord-Kivu.
Sawy, avocat et collaborateur provincial de l’Etoile du Sud, est un ardent défenseur d’une collaboration durable avec les autorités : “EDS veut créer des leviers pour le changement grâce à la participation de la communauté. Mais la responsabilité pour les besoins de base doit être entre les mains des pouvoirs publics. C’est de cette façon qu’ils peuvent se renforcer et garantir les droits de base de la population.”
Le comité d’eau du Lac Vert veut à présent aller encore plus loin. Ils font des plans pour des réservoirs mobiles afin de fournir de l’eau aux familles qui habitent dans des zones encore plus reculées.
Article tiré du site de M3M